jeudi 19 avril 2012


"La félicité est un manteau de couleur rouge qui a une doublure en lambeaux ; quand on veut s’en recouvrir, tout part au vent, et l’on reste empêtré dans ces guenilles froides que l’on avait jugées si chaudes."

Flaubert, Lettre à Maxime Du Camp, 7 avril 1846

samedi 14 avril 2012

Je te déteste.

 Je pourrais faire n'importe quoi, tu ne me verrais pas.
Et pourtant je suis là devant tes yeux, espèce de bigleux.
Tu ne te rends pas compte du mal que tu me fais. 
J'ai juste envie de t'étriper. 

vendredi 13 avril 2012

Je prends ma lame, et je la plante dans ton coeur,
violemment, sans faillir, jusqu'à ce que tu meures.

vendredi 6 avril 2012

« Les regards sur toi se posent comme des loups.
Affamés, ils te dévorent de leurs yeux fous. »

Il la regardait, bizarrement. Cette phrase, prononcée si naturellement entre une gorgée de café et une tartine confiturée avait failli l’étouffer. Elle comprenait si bien…

Après avoir repris ses esprits : Pourquoi me dis-tu cela ?
Elle : Je ne sais pas. Je crois que je vais écrire. J’en ferais la première phrase de mon livre, les premiers mots de mon roman, le commencement de mon recueil de poésies, le début d’une éternelle tragédie.
Yeux écarquillés, voix rauque : Tu ne peux pas faire ça, tu n’as aucune idée de ce que tu fais.
Lucide : Je le sais trop bien, au contraire. Je n’ai qu’une envie. Celle de nous détruire. Tu m’as faite prisonnière de ton amour, seule l’écriture peut me délivrer de cette cage dorée. En alignant des mots, je te briserais page à pages.
Sévère : Et bien, puisqu’il est ainsi, ton livre, je ne le lirais pas.
Elle, derrière ses grands yeux bleus : Non, mais il te hantera. Tu connaitras son existence. Chaque jour tu y penseras, tu te demanderas ce qu’il contient, et tu ne le sauras pas. Ta curiosité te dévorera, mais tu ne cèderas pas. Tu es trop fier pour ça. Mon livre, que tu le lises ou non, sera ta punition, une cruelle sanction, le plus terrible des châtiments. Je l’écrirais quoi qu’il arrive, tu ne peux m’en empêcher.

D’ordinaire charmante et douce, Louise avait aujourd’hui la beauté sauvage du retour à la liberté. Ses traits sombres, fatigués contrastaient avec sa détermination. Elle reprenait enfin du poil de la bête ; elle redevenait femme. Ses cheveux blonds fades s’emmêlaient sur ses épaules. Derrière la fenêtre, la pluie tombait ; sous sa veste en laine rose pâle, un cœur meurtri battait. Pas de larme, juste de l’amertume. Elle voulait lui faire payer, lui envoyer toutes ses années dans la figure, lui montrer tout ce qu’il lui devait : sa dette était inestimable. On n’aurait jamais cru que derrière sa petite robe de flanelle rouge, si simple, se cachait une femme au caractère si fort. Maintenant, elle est capable de tout, même si elle l’ignore encore. Elle se découvre peu à peu, non plus victime sacrifiée, mais beauté fatale, impitoyable.
Ses ongles longs, félins. Son regard aiguisé, méchant. Il avait mis de la cruauté sur son visage, il était coupable de ce désastre. Elle lui rendra la vie dure, insupportable, à présent. Il ne peut plus rien y faire, c’est un changement irrévocable. Il s’est condamné à subir sa vengeance. Il aurait mieux fait de réfléchir avant de partir. Ce n’est pas parce qu’on est profondément mauvais que l’on doit pousser les autres à devenir méchant.

Elle : Parfois les soirs quand tu t’égares, moi je m’en vais et toi tu pars. J’écrirais, parce que je ne peux plus te parler. Parce que je n’ai plus rien à te dire. La nuit, les fleurs crèvent d’ennui, moi je m’en vais et toi tu fuis. J’écrirais des drames, j’écrirais nos vies. Parce qu’il n’y a rien de mieux que le chaos de nos existences pour s’affranchir du poids du jour. Je pense, à travers mes pleurs : moi je m’en vais et toi tu meurs.

La pluie coulait doucement contre le carreau. Les gouttes s’accumulaient une à une. La rage était sur le point de déborder. Des ombres s’assemblaient dans le jardin. Mouvantes, fugitives, intemporelles. Elles étaient là, présentes, spectatrices silencieuses du désastre qui se préparait sous leurs yeux. Le froid extérieur semblait préférable à la chaleur malsaine, corrosive, du foyer. Situation intenable, oppressante. Pour oublier, on aurait été content d’entendre la porte claquer, les murs trembler, le plafond s’effondrer. Casser quelque chose n’importe quoi, tout envoyer voler en éclats, faire du bruit, extérioriser la haine. Non. Rien. Juste le silence. Et le bruit morne des gouttes de pluie. Le déchirement invisible de deux êtres. L’affirmation de la solitude à deux.





Sentir ta peau contre ma peau. Ta main dans mes cheveux. Ta bouche sur ma bouche. Ma joue contre ton dos. Ta main sur mes seins. Tes doigts sur mon épaule. Ton cœur qui bat. Mais pour une autre que moi.