dimanche 13 décembre 2015

J'ai eu une illumination, un déclic, une épiphanie... Je vois la vie sous un autre angle, beaucoup plus positif et lumineux. J'ai l'impression d'être une autre personne ou un version améliorée de moi-même. 

J'étais chenille, je suis papillon. Je suis réconciliée avec la vie, avec ma vie. Je tiens à elle et j'espère que ça durera (la vie ou le fait de tenir à elle ?)

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Je suis allée voter. J'ai pas su choisir entre la peste et choléra, entre Charybde et Scylla. 

J'ai voté blanc, car je me suis dit que peu importe qui était élu, je ne voulais pas prendre part au massacre.... mais d'un côté, ne pas choisir, c'est ne pas s'opposer.. En fait, je n'ai pas de solution pour être en paix avec moi-même... Le suicide peut-être? Non, le politicide ! Je tiens trop à la vie pour la leur offrir. Plutôt crever que de mourir pour eux! (Ahah. J'aimerais voir la tête du critique qui tenterait  vainement d'interpréter cette phrase en se penchant sur les nuances sémiologiques des verbes "mourir" et "crever"... Good luck mon pote.) 

Toutefois, je me battrais jusqu'au bout pour rester intègre et pour défendre les valeurs qui sont les miennes : la tolérance, le respect, l'amour. Si je devais mourir pour mes idéaux, je le ferai sans hésiter et d'autant plus aujourd'hui que je croque la vie à pleine dents. Comme le disait Albert (Camus) "une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir". Je ne veux pas qu'on me dicte ce que j'ai à faire ou à dire. Je viens de découvrir le goût de la liberté, je sais qu'il n'a pas de prix et je ne peux plus m'en passer. Je ne veux pas résister, mais m'opposer. Crier à la face du monde que je suis déchaînée et que l'ouragan, contenu pendant de nombreuses années, va maintenant exploser. Il est temps d'agir, de s'engager, de faire de ce monde ce dont on a toujours rêvé, il ne faut  pas s'asservir (La Boétie winkwink) mais s'élever.. Je ne possède rien à l'exception de ma vie et je veux qu'elle soit entièrement conforme à ma mentalité.

Stand up and Fight,  la guerre contre l'obscurantisme, l'égoïsme, la débilité profonde est déclarée. 

Et pour être encore plus explicite (au cas ou ça ne le serait déjà pas assez) : soutenir un parti extrémiste, c'est faire le jeu des terroristes. Les minorités soupçonnées, rejetées, persécutées, vont se précipiter dans leurs bras. Y a que les Français qui sont suffisamment cons pour ne pas se rendre compte de ça... on commémore l'armistice du 8 mai 1945, tous ces mécréants sont bien contents de ne pas travailler, de faire la grasse mat' en pleine semaine, mais personne ne se semble se souvenir des raisons qui ont déclenché la guerre : la crise, la montée en puissance de l'extrémisme, le repli nationaliste... Je vis en 2015 pas en 1939. Faut-il si peu de temps pour oublier ? Français, souviens-toi. L'Histoire ce n'est pas une liste de dates à apprendre par cœur, c'est un moyen d'éviter que les massacres du passé se perpétuent. 

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Il est intéressant de constater combien les événements récents concordent avec ma vie (ou peut-être était-ce moi, qui établit ce parallèle ?). J'ai toujours été la victime du monde, je n'ai jamais été libre, on m'a toujours imposé mes choix. Ma vie n'était même plus la mienne, je la subissais, je me recroquevillais dans un coin de mon être et j'attendais que la pluie cesse de tomber.  Je vivais sous une dictature et cette époque est dé-fi-ni-ti-ve-ment révolue.  Amandine ne va plus se laisser marcher sur les pieds, elle va dire ce qu'elle pense. Après tout, il n'y a aucune honte à être honnête. 

mardi 8 décembre 2015

Avant-hier j'ai regardé Terra de Yann-Arthus Bertrand.

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Hier, dans ma voiture, j'ai eu une révélation : "nous affaiblissons notre espèce ! nous affaiblissons notre espèce !". J'étais convaincue et révoltée : "on se précipite nous-mêmes vers notre propre perte, mais personne ne nous dit rien ! Les scientifiques se taisent ou alors les médias font tout pour que cela ne se sache pas ! Tout ça pour le profit des industries pharmaceutiques qui préfèrent nous voir vivre vieux et malades plutôt que d'être honnête et de nous laisser mourir en paix !". En partant de mon expérience personnelle -la dépression-, je me disais qu'on laissait vivre des gens qui auraient du mourir car ils n'était pas assez forts pour supporter le poids de la vie. Dans la nature, j'aurais été condamnée, tout comme cet homme au cœur déficient ou cette femme malade. Garder ces gens en vie, et leur laisser la possibilité de se reproduire, n'est-ce pas affaiblir notre génome sur le long terme ? N'est-ce pas nous affaiblir en tant qu'espèce ? Et de quel droit faisons-nous ça ? Parce que nous voulons vivre plus vieux ? Parce que nous ne voulons pas avoir mal ? Parce que nous ne supportons pas de voir des gens souffrir ? Parce que cela rapporte de l'argent ? De quel droit faisons-nous cela ? Qui nous le permet ? Dieu n'est pas descendu sur terre pour nous donner l'autorisation de le défier. Qui faut-il contacter pour dénoncer tout cela ? Il faut agir, et vite, pour que nous arrêtions de nous nuire ! 

Je suis consciente d'aller loin et d'extrapoler, mais continuons un instant si vous le voulez bien. Si l'on garde tout ces spécimens inaptes à la vie en vie, et qu'ils se reproduisent, il ne restera à terme plus aucun individu sain. L'homme du XXIIe siècle sera malade, assisté médicalement, il ne pourra plus vivre sans cachet, sans traitement et il sera d'autant plus susceptible d'être touché par les nouvelles maladies car il sera accoutumé aux médicaments. Les virus se feront de plus en plus résistanst alors que lui sera de plus en plus affaibli.... L'homo sapiens sapiens, sera un homo debilis. Un homme fragile, inapte et profondément débile. 

Oui, car en plus de trahir notre patrimoine génétique, hérité de nos ancêtres, nous trahissons aussi ce qui fait ce que nous sommes : la sapience. Nous mécanisons tout pour ne plus avoir à réfléchir et pour nous épargner physiquement : appuyer sur un bouton et regarder le travail s'effectuer tout seul est tellement plus simple. Si toute la technologie venait à disparaître et que plus personne ne savait lire un seul livre, combien de temps mettrions-nous à la réinventer ? Les tâches sont devenues tellement spécifiques, les savants tellement spécialistes, que personne ne maîtrise l'intégralité d'un sujet. Qui est capable de fabriquer le boulon, de l'insérer dans l'engrenage et de calculer les forces et l'énergie nécessaires à faire fonctionner la machine ? Nous ne réalisons plus rien seuls. Nous sommes perpétuellement assistés. Le savoir a longtemps été une arme, il nous a permis de trouver notre place dans la nature, il nous a permis de nous élever au-dessus des animaux, il a permis de gagner des guerres, il nous a permis de nous entre-tuer toujours plus cruellement et massivement. De nos jours, il faut aller toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort. Où et quand nous arrêterons-nous ?  Il est déjà trop tard.  Je n'aime pas le progrès, je n'aime pas le changement, je voudrais que tout reste tel qu'il est, mais tout va trop vite, beaucoup trop vite et nous n'avons plus le temps de penser à tout ce que nous faisons. La machine infernale est enclenchée et personne ne sait comment elle fonctionne ni comment l'arrêter car tout cela nous dépasse. Seul Dieu, s'il existait, pourrait un tant soi peu nous raisonner (car il faut être en dehors du système pour l'analyser); si son apparition ne déclenchait pas de guerre.. pour cela, il faudrait qu'il s'adresse à tout le monde, en même temps et dans toutes les langues simultanément (Dieu doit bien être capable de faire ça non ?) car personne ne croirait son prophète si jamais il venait à être entendu...

De nos jours, tout le monde peut donner son avis.Le pauvre prophète aurait bien du mal à se faire entendre et encore plus à être cru... L'information est omniprésente et plus personne ne la contrôle. Tout et son contraire peut être dit sans que l'on s'en offense. C'est la liberté d'expression après tout... Grâce à internet je peux devenir experte en tout un tas de sujets : je peux vous parler de la reproduction des cucurbitacées ou de l'évolution de la pression dans les moteurs cylindriques. Je n'y connais pourtant absolument rien. Si je le souhaite, je peux dire tout ce que je pense, je peux participer à des débats, faire valoir l'avis qui est le mien, faire couler beaucoup d'encre pour juger une loi qui ne me plait pas ou la dernière phrase du premier ministre. 

Je peux me mêler d'un tas de choses qui ne me regardent pas, j'ai la prétention de me croire intelligent parce que je crois être au-dessus de la nature et de mon voisin, je suis tellement spécialisé que je crois être un individu particulier avec des émotions qui ne sont propres qu'à moi (la preuve ? je peux inscrire mon nom sur mon pot de Nutella ou sur ma canette de Coca), je veux me sentir original car j'ai ce besoin d'être différent des autres, je veux m'affirmer et réussir, je veux gagner de l'argent et profiter de la vie,  je prends la gentillesse pour de la faiblesse et la bonté pour de la naïveté, mais la vérité c'est que j'ai oublié que "science sans conscience n'est que ruine de l'âme" (Rabelais TMTC), que je ne suis qu'une personne lambda profondément stupide, perpétuellement connectée mais terriblement déconnectée de la réalité, je ne sais pas que la vie n'a pas de prix : je suis l'homme du XXIe siècle, et je suis des milliers.

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Aujourd'hui j'ai envie de croire qu'on va surmonter tout ça. J'ai envie de me dire qu'on est forts, qu'on est unis, qu'on essaie toujours de faire les choses pour le mieux. On traverse une crise dans notre Histoire, mais on la surmontera. On ne fait pas toujours ce qu'on devrait, c'est vrai, on pense beaucoup au profit, à l'argent, on oublie que cette terre n'est pas que la nôtre, que nous la partageons avec les animaux, avec les plantes. Oui, on a  oublié que l'homme n'était pas au centre de l'univers, nous sommes coupables d'hybris, nous voulons rivaliser avec la nature et avec Dieu.. et alors ? Qui peut nous le reprocher ? A notre place qui aurait fait autrement ? Nous attendons un signe de Dieu depuis des centaines d'années mais il préfère se taire plutôt que de venir écouter toutes nos plaintes : où était-il lorsqu'il s'agissait de régler le problème de la faim dans le monde ? le Sida ? les guerres en son honneur ? Au cours de l'Histoire, nous ne sommes pas les seuls à avoir défié le soleil (Icare s'est brulé les ailes, Promethée  a volé  le feu sacré)  et nous ne serons  sûrement pas les seuls. Dans tout ce que nous faisons, nous cherchons le profit, nous volons progresser, avancer, nous améliorer. Qui peut nous reprocher de vouloir atteindre la perfection ?  C'est le but ultime, l'accomplissement final. Au détail près, que celui-ci ne peut être atteint. La perfection n'existe pas, mais ça aussi, nous l'avons oublié. Le pire dans tout ça, c'est que nous sommes convaincus de faire le Bien : comme les colons qui voulaient christianiser les indiens, ou comme les philosophes du XVIIIe qui cherchaient à éclairer le peuple... L'Enfer est pavé de bonnes intentions comme on dit et cela n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui... En tout cas, il est stupéfiant de voir à quel point les Anciens sont indéniablement Modernes. Finalement, peut-être que nous ne progressons pas aussi vite que je le crois.. Ou alors l'Histoire est-elle vraiment cyclique ? Je ne suis pas philosophe, mai aujourd'hui, j'aimerais tellement pouvoir ressusciter Arisote et Nietzsche pour les écouter parler du monde d'aujourd'hui. Il est vraisemblable que je comprendrais rien surtout si l'un parle en grec et l'autre en allemand... 

Aujourd'hui, j'ai envie d'être optimiste, j'ai envie de croire en l'avenir, j'ai envie de croire en la vie. J'ai envie de me dire qu'un futur harmonieux est possible, j'ai envie d'aller de l'avant, j'ai envie d'aider à construire ce monde meilleur, ce monde sans préjugé, ce monde rempli d'amour auquel je pense si souvent mais qui me parait inaccessible. Cet ailleurs dont je rêve, ce pays exotique et serein, c'est demain et c'est à nous de le construire. Mais pour cela, je suis convaincue que l'homme de savoir devra se faire homme de culture. Il faudra un jour ou l'autre revenir à la terre, car "la terre elle ne ment pas" (Pétain 1940, ma gueule), elle est notre seul bien, notre seul moyen de vivre ou de survivre, elle est authentique et sincère, elle se fiche des apparences ou des préjugés, elle n'a besoin que d'eau et de soleil. 

L'homme du XXIe siècle devrait revenir à la simplicité car il ne peut plus gérer la complexité du mode de vie qu'il a lui-même imposé. Cultiver la terre de façon raisonnée et équitable et se cultiver soi-même, se nourrir de littérature, d'Histoire, de philosophie sont, selon moi, les clés qui permettront de faire de demain un monde meilleur. Peut-être que pour progresser, il suffisait de commencer par régresser. Retourner aux véritables valeurs, à la vérité. 

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Demain, l'homme vivra en harmonie avec les animaux, il n'aura pas besoin de tablettes ou de smartphone car il sera connecté avec l'univers. Il n'aura plus besoin de parfum car il saura apprécier celui de la pluie, il n'aura plus besoin d'émission de télé car il aura cessé de se moquer de la stupidité de ces confrères et il préférera les aider. L'homme de demain sera heureux car il saura apprécier ce qu'il a à sa juste valeur, il n'aura pas besoin d'avoir plus d'argent que son voisin, il ne sera pas envieux, il ne sera pas jaloux, il sera bon pour lui et pour les autres, pour les générations à venir et pour les autres espèces. Il ne se plaindra pas de trop travailler car il fera ce qu'il aime et il aimera ce qu'il fait. L'homme du futur sera un homme meilleur car il connaîtra les travers du passé et les risques du progrès. Il aimera la simplicité et n'aura pas peur du lendemain. S'il doit mourir, de faim ou de maladie, cela est son destin et il devra s'y résigner et accepter sans flancher. Il regardera sa vie et sera heureux d'avoir vécu dans le meilleur monde possible, il remerciera ses prédécesseurs d'avoir pris soin de sa planète pour lui et il sera rassuré de savoir qu'un bel avenir attend sa descendance. 

C'est à nous, gens du XXIe siècle d'inventer le monde de demain. Je n'ai pas la prétention d'avoir la solution à tous les problèmes, mais j'essaie de trouver des réponses, j'essaie d'aller plus loin, de ne pas m'arrêter aux évidences, de ne pas me contenter de râler après le gouvernement ou après mon employeur. J'essaie, modestement, de faire de ce monde quelque chose de mieux, j'essaie de ne pas avoir peur, de ne pas flancher, de ne pas me laisser imposer mes choix par ceux qui crient le plus fort. Je ne veux pas faire partie de cette minorité de "haters" qui dicte sa loi. Je veux seulement faire comme tout le monde et donner mon avis, même si je sais que cela n'a aucun intérêt car il se perdra dans le flot d'informations, d'avis, de conseils auquel tout un chacun est exposé chaque jour. 

J'espère juste que si demain est plus beau qu'aujourd'hui, j'aurais apporté une infime part à ce grand édifice. 

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Aujourd'hui j'ai eu une révélation : ma mère est une perverse narcissique. Elle est incapable de voir le mal qu'elle nous fait subir. Elle ne se rend pas compte qu'elle nous détruit, pour son bien. Ma mère est l'archétype de l'homo debilis

dimanche 6 décembre 2015

Il y a eu une nouvelle attaque terroriste. Je n'ai pas très bien compris de quoi il s'agissait.. d'un avion, j'en suis certaine, mais je n'ai pas cherché à savoir qui pourquoi comment. La seule chose importante est qu'il ait survécu. 

Quelque jours après une actrice parisienne est morte et je me suis dit que, pour gagner un peu d'argent facilement, je volerais son chat et le revendrais au plus offrant, mais ce que je ne savais pas c'est que c'était lui qui l'avait tuée, de ses propres mains. Je ne sais pas pourquoi, en tout cas il s'en vantait sans arrêt auprès de n'importe qui. Il faisait sans cesse des apéros dans un appartement miteux (le nôtre peut-être ?) dans lequel il faisait tout le temps gris. Il buvait, buvait et ne pouvait s’empêcher de parler d'elle. Pour qui l'écoutait trois secondes, il était évident que c'était lui qui l'avait tuée. Il avait du sang sur les mains. Moi je n'osais pas dire que j'avais volé son chat. D'ailleurs je faisais tous les efforts du monde pour le cacher, ou plutôt pour cacher le cadavre de la pauvre bête car elle était morte entre-temps. L'avais-je tuée moi-même, je n'en sais fichtrement rien.. En tout cas, son petit corps demeurait au fond d'un grand sac de voyage dans lequel se trouvait de nombreux vêtements. Au bout de combien de temps l'odeur finirait-elle par se faire remarquer ? Il fallait agir, je le savais mais je faisais tout pour ne pas être impliquée dans cette affaire, c'est-à-dire que je ne faisais rien... ou plutôt, je faisais tout, absolument tout pour ne pas me faire remarquer. Je me rendais invisible, je me faisais disparaître ce qui était d'autant plus facile que les gens ne me remarquent pas. Je suis la fille invisible, mais cette histoire risquait tout à coup de me démasquer et c'est ce que je voulais à tout prix éviter. Ma situation était terrible car je ne pouvais pas le dénoncer, je l'aimais trop pour cela et cela me serait retombé dessus d'une façon ou d'une autre mais je ne pouvais pas non plus rester sans rien faire et supporter ses blagues grotesques, je ne pouvais pas continuer à regarder ce morceau de doigt, arraché sur le cadavre, se balader de main en main lors des soirées... je ne pouvais pas supporter d'avoir à le toucher, à le tenir... Il symbolisait tout l'horreur du crime commis, crime dans lequel j'étais impliquée qu'on le veuille ou non. A cette époque, je n'avais aucune solution pour m'en sortir indemne ; dans tous les cas, j'étais coupable. 

Lui au contraire se faisait omniprésent, il prenait toute la place, physiquement et médiatiquement. Il jouait dans des pièces de théâtre, participait à des concerts qui rendait hommage à cette pauvre actrice, il répondait à des interviews. Un soir, je ne sais pas par quel hasard nous nous sommes retrouvés chez elle... et quelqu'un a mentionné l'absence du chat... Qui remarque l'absence d'un chat lorsque sa maîtresse a été sauvagement assassinée ? normalement personne. Mais cette nuit-là quelqu'un s'en est aperçu... Ce n'était qu'une remarque anodine "Tiens, on n'a pas vu le chat" mais je me suis sentie obligée de répondre, de briser le silence dans lequel je me murais pour dire qu'"il avait sans doute dû sortir". Pourquoi n'ai-je pas simplement ignoré cette question, je ne sais pas. De toute façon, personne n'a semblé prêter attention à cette conversation. Tout le monde buvait et nageait dans une euphorie bizarroïde à laquelle j'étais étrangère. Qu'avaient-ils ingurgité pour être dans cet état là ? 

Le temps passant, j'avais déménagé dans un quartier pauvre et plutôt tranquille semble-t-il. La vie parisienne était si loin maintenant. J'avais une bonne amie, peut-être était-ce ma petite copine, je ne sais pas... Elle était très enthousiaste, avait beaucoup de projets.. mais malheureusement notre quartier avait été touché par un tsunami. Il était maintenant désert, les gens ayant préféré trouver refuge dans un environnement moins dangereux. J'ai eu la chance de discuter avec le maire et de lui expliquer qu'il était nécessaire de construire des appartements au quatrième étage mais il ne voulait pas...

Il faut croire que l'affaire de l'actrice parisienne était bien loin derrière... Elle ne semblait pas avoir été résolue, mais les gens étaient passés à autre chose. Je ne me souviens pas avoir revu mon ex. Qu'est-il devenu ? c'est bien le dernier de mes soucis. Mon amie et moi allons faire des courses dans un immense supermarché... elle déborde d'énergie comme toujours. Moi je suis plus calme, plus lente, on ne me remarque pas tandis qu'elle monopolise l'attention avec ses grands yeux bleus et ses cheveux brindilles. Elle court à droite, à gauche, revient avec une montagne de produits dans les bras et me glorifie d'un grand sourire. Elle ne marche pas, elle vole. Elle n'est pas si belle pourtant  mais on lui donnerait instantanément le bon dieu sans confession. Enfin, c'est ce que vous feriez. Parce que moi je commence à la connaitre, et à déceler ce qui se cache sous tout cet amas de gentillesse et de bonne humeur. Elle n'est pas aussi gentille qu'il y parait mais vous ne le voyez pas car elle cache terriblement bien son jeu. Je ne sais pas comment, elle avait eu vent de toute l'histoire de l'actrice assassinée et elle était véritablement fascinée par ce meurtre sanglant. Elle savait que j'étais impliquée de près ou de loin dans cette affaire mais elle ne savait pas de quelle manière. Cela la passionnait, elle voulait à tout prix savoir.. et elle voulait tuer.

D'une quelconque manière, elle trouvait une forme de plaisir dans le meurtre, Avoir du sang sur les mains, savoir que l'on a fait quelque chose d'interdit l'excitait. Combien de personne avait-elle tuées avant de me rencontrer ? Combien en tuerait-elle encore ? Que pouvais-je faire pour empêcher ça ? Si je parlais, je sais très bien de quelle manière elle me réduirait au silence... et je tenais quand même assez à la vie pour savoir qu'il valait mieux ne rien dire. Alors je ne disais rien et j'écoutais tous ses projets. Croyez-moi ou non mais j'essayais de faire en sorte qu'ils mettent le plus de temps possible à se réaliser. Je faisais tout pour ralentir la course du temps, mais le gout du sang lui était devenu indispensable, elle y était accro... Je la soupçonne de ne pas m'avoir parlé de tout, de sorte que je ne pourrais vous dire où se cachent les corps ni combien ils sont.

Un jour, une enquêtrice est venue dans notre quartier, elle m'a posé des questions et voulait relever mes empreintes digitales ce que je voulais à tout prix éviter, vous comprenez surement pourquoi. J'ai fait de mon mieux pour être aimable avec elle, si bien qu'elle voulait partir sans mes empreintes. Mais était-ce bien raisonnable de la laisser partir ? Comme vous le savez, le quartier était désert... il n'y avait qu'elle et moi, personne ne pourrait nous surprendre. Alors j'ai commis l'impensable. Je voulais seulement me protéger..

A votre avis, combien de fois ai-je seulement voulu me protéger ? Et que vais-je faire maintenant que je sais que vous savez ? 

Je vais sourire, d'un sourire diabolique, c'est tout ce dont vous vous souviendrez. 
Vous auriez mieux fait de vous méfier des apparences, on n'est jamais vraiment qui on croit et l'on est jamais vraiment qui on est.