On est tous des objets. On se sert de nous et on nous exploite. Tout le monde. Et cela ne mène à rien. Ca ne nous mène pas la vie meilleure, non non non. Tu vois, y a plus de bonheur. Parce que rien ne va. Parce qu'ou qu'on soit, c'est toujours pareil. Les gens sont toujours les mêmes. Et moi je suis toujours la même : comme un cocotte minute prête à exploser. J'ai envie d'arrêter le temps et de prendre le temps de réfléchir. Savoir que personne n'agit autour de moi. J'ai envie d'avoir du sang sur les mains. Au fond, je suis beaucoup plus méchante que tous ceux qui sont autour de moi. Il y a deux façon de combattre son mal-être : en s'en prenant à soit-même, où en s'en prenant aux autres. Je ne veux pas m'en prendre aux autres, enfin pas en réalité. Mais pourquoi alors me font-ils tant de mal, sans même s'en rendre compte ? Parce que le mal que j'éprouve n'est pas irréel. Il est bien vrai, bien là. Mais les gens passent à côté sans s'en apercevoir. Il faut tout garder pour soit dans cette société à la noix où tout est à refaire. Je devrais pas me plaindre, j'ai tout ce qu'il faut pour vivre. Mais à quoi cela sert-il de vivre, puisqu'on sait qu'on va forcément mourir un jour ? A quoi ça sert de vivre, si ce n'est pas pour profiter de la vie ? Que dois-je faire ? Quand les questions commencent à s'accumuler dans ma tête plus rien ne va. Je veux vivre, mais je n'en vois pas l'intérêt. Je ne veux pas mourir, mais je ne veux plus penser. Devenir un légume, ça me ferait du bien. Une jolie carotte bien allongée, avec une chevelure verte, sexy à souhait. J'aurais des amis : les tomates et les navets. On s'amuserait comme des fous à se raconter des salades, comme le monde serait beau, comme il serait parfait. Mais en attendant, que mon ultime rêve se réalise je regarderais mes espoirs tomber en morceaux. Il ne s'agit plus de rêver, dans ce monde imparfait personne ne se soucie de quoi que ce soit si ce n'est de soit. Moi la première, puisque je suis là.