vendredi 6 novembre 2015
En un mois au collège, j'ai pris une grosse claque de réalité. Et ça fait mal... très mal...
Inventaire
Fragments d'émotion
C'est pas moi qui vais mal, c'est le monde qui est malade.
Inventaire
Prise de conscience philosophique
En ce moment le grand refrain de tout le monde c'est : "tu es jeune, tu as la vie devant toi...". Ca commence à m'énerver : je ne fais pas exprès d'être jeune (et encore je ne me sens pas si jeune que ça). Alors, arrêtez de me le reprocher, de me faire culpabiliser parce que selon vous je ne profite pas de ma jeunesse.
Je pense qu'y a des gens qui sont un peu aigris et jaloux... et pour moi la vie, c'est pas "tu as toute la vie devant toi" car la vie peut s'arrêter à tout instant. Je peux me faire écraser par une voiture dans 5 minutes. Alors "tu as toute la vie devant toi" ça veut rien dire... car des fois la vie ça tient à pas grand chose. Je me contente de vivre et c'est déjà beaucoup.
Inventaire
Fragments d'émotion
Grosse fête chez mon copain. Au début nous sommes deux ou trois, et puis finalement les amis, surtout des filles, apparaissent sans que je m'en aperçoive. J'ai un verre à la main, je ne sais même pas ce qu'il y a dedans. Je suis assise sur les genoux d'une autre fille, l'atmosphère est particulière : lourde mais électrique tout en restant confortable. Il doit être très tard. Je ne suis même pas sûre d'aimer mon copain, mais j'attends un signe de lui, qu'il s'intéresse à moi. A vrai dire, je ne me rappelle même plus son visage.
Quand tout le monde est arrivé, on sort. Je suis survoltée, j'ai envie de parler à tout le monde. On se bouscule autour d'une borne pour prendre un ticket de bus-avion, je cherche dans mes poches et finit par y dénicher une pièce de 1 euro que je glisse dans le distributeur. Je ne sais pas où sont tous les autres, certains sont déjà montés dans l'appareil qui semble bondé, d'autres attendent encore pour obtenir leur ticket. Je me glisse dans un tout petit compartiment à l'avant. Il n'y a la place que pour deux personnes, un garçon monte avec moi, je ne l'avais pas remarqué avant, il n'est pas charmant. Juste mince, brun, banal, un peu trop jeune. Pour pouvoir s'asseoir à peu près confortablement on doit ramper car l'avant du bus-avion est pointu, de toute façon, le trajet ne dure pas longtemps et d'ici, juste derrière le cockpit, on a une vue magnifique. Le bus-avion s'élève dans les airs, nous éprouvons ce sentiment particulier : nos poumons se gonflent, on a l'impression de mieux respirer et de tomber en même temps.. Nous volons quelques temps et puis, avec mon compagnon de voyage nous remarquons que l'avion vole vraiment très bas... Il rase même les toits de certaines maisons et détruit leur toiture. La peur commence à nous étreindre : nous allons nous crasher. Mais peu à peu l'avion reprend de la hauteur, nous avons confiance en notre pilote, il va nous sortir de là ! En s’élevant, l'avion se prend dans des cordages, qu'il transperce, on dirait des filets de pêches ou des câbles retenant les voiles d'un voilier. L'avion s'élève encore et transperce encore d'autres filets. A ce point, nous croyons à un miracle. Et puis c'est la chute. De là où nous sommes nous voyons très bien le pilote... Il semble paniqué, nous nous écrasons en pleine ville, dans une rue avec beaucoup de passants, le visage terrifié, certains se baissent, croyant éviter le drame, mais je les vois très clairement se faire faucher par l'avion, le sang macule la vitre avant. Ma gorge se serre, je ne peux rien faire pour arrêter ce massacre. Le pilote semble évanoui ou mort. Sa tête a tapé violemment contre le tableau de bord, et ce à plusieurs reprises. L'avion reprend de la vitesse et finit par sombrer dans l'océan. J'essaie de trouver le marteau brise glace pour sortir de là, je ne veux pas mourir. J'essaie de briser la vitre, je veux aider les autres à s'en sortir, je ne sais pas dans quel état ils sont. Je ne sais plus quels amis étaient présents, peu importe. Je veux sauver tout le monde.
Quand je reviens à moi, le bus-avion est bien arrivé à la gare et le pilote s'engueule avec un cheminot car les ailes de l'avion gênent le train. Le chauffeur du train, visiblement très énervé prend la décision de partir quand même, tant pis pour l'avion. Je ne sais pas où sont mes amis et si j'en ai jamais eus...
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Ma mère a acheté un livre sur l'interprétation des rêves (ou alors est-ce France-Loisir qui lui a envoyé ? qui achèterait ça ? pas ma mère en tout cas), mais il n'y a aucune mention de crash d'avion et encore moins de bus-avion...
Inventaire
Morceaux de rêves
jeudi 5 novembre 2015
Je suis allée au collège rendre mes clés... à 8h30, en espérant ne croiser personne... hier j'ai bossé tout l'après-midi pour corriger mes copies, donner la fin de mes séquences à la remplaçante, je lui ai écrit un petit mot pour lui expliquer où j'en étais avec mes classes.. Je lui ai dit qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait mais que j'aimerais bien qu'elle donne le dernier texte aux 5e, car c'est la fin de la nouvelle qu'on a étudiée, et que ça ne me dérangeait pas qu'elle ne leur fasse pas étudier, mais qu'elle leur donne au moins pour qu'ils aient la fin....
Et là, je la croise en salle des profs.... on était toutes les 2 + une prof de maths super gentille. Ma remplaçante se présente, me dit qu'on lui a expliqué la situation, qu'elle est super contente de ce remplacement, que c'est pas loin de chez elle, que j'ai aucun scrupule à avoir, même s'il faut que je prolonge mon arrêt jusqu'en juin... elle a rien voulu entendre pour le texte des 5e, elle m'a dit que ses séquences étaient prêtes, qu'elles étaient géniales, avec des trucs vidéoprojeté blablabla... que c'était pas un métier facile, et qu'encore là c'était un bon établissement, qu'après j'irais surement dans les quartiers Nord, que c'était pas un métier fait pour les personnes fragiles... Pas un mot de réconfort genre "j'espère que tu vas te rétablir" non non. Limite "suicide toi, ça m'arrange comme ça je reste ici jusqu'en juin".
Connasse....
C'est quoi ce monde de fous ? Qu'est-ce que je fais ici ? suis-je la seule à aimer les gens et à essayer d'aider mon prochain ? parce que j'ai l'impression que tout le monde cherche à m'écraser, à me piétiner... je pensais que les profs étaient des gens cultivés, ouverts.. tu parles, c'est des loups avec de très longues dents qui comptent leurs points, qui magouillent pour leurs mutations, et qui se tirent dans les pieds dès que l'occasion se présente. Cesserais-je un jour d'être désillusionnée ??
Et là, je la croise en salle des profs.... on était toutes les 2 + une prof de maths super gentille. Ma remplaçante se présente, me dit qu'on lui a expliqué la situation, qu'elle est super contente de ce remplacement, que c'est pas loin de chez elle, que j'ai aucun scrupule à avoir, même s'il faut que je prolonge mon arrêt jusqu'en juin... elle a rien voulu entendre pour le texte des 5e, elle m'a dit que ses séquences étaient prêtes, qu'elles étaient géniales, avec des trucs vidéoprojeté blablabla... que c'était pas un métier facile, et qu'encore là c'était un bon établissement, qu'après j'irais surement dans les quartiers Nord, que c'était pas un métier fait pour les personnes fragiles... Pas un mot de réconfort genre "j'espère que tu vas te rétablir" non non. Limite "suicide toi, ça m'arrange comme ça je reste ici jusqu'en juin".
Connasse....
C'est quoi ce monde de fous ? Qu'est-ce que je fais ici ? suis-je la seule à aimer les gens et à essayer d'aider mon prochain ? parce que j'ai l'impression que tout le monde cherche à m'écraser, à me piétiner... je pensais que les profs étaient des gens cultivés, ouverts.. tu parles, c'est des loups avec de très longues dents qui comptent leurs points, qui magouillent pour leurs mutations, et qui se tirent dans les pieds dès que l'occasion se présente. Cesserais-je un jour d'être désillusionnée ??
Inventaire
Fragments d'émotion
mercredi 4 novembre 2015
- Tu fais quoi dans la vie sinon ?
- Je vais au Sunset parfois, je réfléchis de temps en temps et je respire sans même m'en rendre compte. Et toi ?
- Je vais au Sunset parfois, je réfléchis de temps en temps et je respire sans même m'en rendre compte. Et toi ?
Inventaire
Petits bouts d'invention
Si j'avais une librairie, ou un salon de thé, ou n'importe quoi, je l’appellerais le Bout du Monde. Comment ça les gens diraient "Viens, on va au Bout du Monde" ou alors "Moi je vais au Bout du Monde et j'aimerais tellement y aller avec toi".
Inventaire
Petits bouts d'invention
lundi 2 novembre 2015
Un appartement paradisiaque, au bord de la mer, bordé de sable fin... Impression que la chambre se trouve au milieu de la plage... L'eau est calme paisible, il y a quelques herbes qui poussent par-ci, par-là. Un vrai paysage de Camargue... Mon mobilier est simple. Il n'y a pas besoin de fioriture pour faire de cet endroit un lieu de rêve.
L'intérêt de cet appartement, c'est que je peux me déplacer à vélo, même si cela prend du temps. Il n'y a personne sur les routes. Je fais beaucoup d'aller-retour chez ma mère pour récupérer des affaires. Le trajet est long, mais je rencontre des gens en route, nous discutons orientation.
Ma famille veut que nous nous retrouvions au restaurant. Par je ne sais quel hasard nous trouvons refuge sur la terrasse d'un restaurant proche du port. A l'intérieur, à travers la vitre, nous voyons une femme magnifiquement vêtue, tout en blanc, dans une robe indescriptible de magnificence. Le repas est exceptionnel même s'il fait un peu froid. La femme chante merveilleusement bien. Elle sort, nous sommes au premier rang. Accessible, elle prend des photos avec nous. Elle se dénude peu à peu sans jamais tomber dans la vulgarité. Nous attendons le dessert, mais le serveur n'en finit pas d'amener des plats... Après le dessert, le café gourmand, tout est très bon : chocolaté et fruité, croquant et moelleux... Et puis tout à coup, la chanteuse que nous avions perdue de vue s'est littéralement transformée en chanteur. Il-Elle joue de l’ambiguïté de sa personne, prend une voix plus grave. Il-Elle a délaissé la robe pour une tenue plus masculine, on dirait un camionneur et sa voix n'a plus rien d'enchanteur. Il est temps pour nous de partir... mais personne ne nous a jamais demandé de payer l'addition..
Adrien m'a proposé de me rejoindre, on aimerait bien aller festoyer sur la plage avec d'autres amis mais je ne l'ai jamais retrouvé. Il y a eu un problème de communication, nous n'étions pas au bon endroit au bon moment, et puis je ne savais pas trop comment faire par rapport à ma famille. Tant pis, je ne m'en formalise pas. Il y aura d'autres occasions.
Arrivé chez moi, macabre découverte. Odeur pestilentielle. Je comprends maintenant pourquoi le loyer était si bas. Après quelques recherches, découverte du cadavre de quatre gros poissons entassés dans un coin. Les souris ont envahi la demeure... Mon tranquille chez moi grouille de rampants. Je ne sais pas comment tous ces animaux vivants ou morts sont arrivés là. Ma famille me fait tous les reproches possibles et inimaginables sur ma négligence. Mon grand-père tue les souris en les faisant tomber sur le sol. Je ne pourrais jamais faire ça, c'est trop cruel, je ne peux faire de mal à personne. J'envisage de prendre un chat pour chasser les souris, mais je ne sais pas si je serais en mesure de m'occuper de lui... Je pense dormir dans le salon, car j'y ai aussi un lit que je pensais remplacer par un canapé. Je n'ai pas d'autre choix que de vivre.... ou de mourir ici.
Voilà comment mon rêve s'est transformé en cauchemar et comment ma vie s'est transformée en enfer.
Tout n'est que signe. Et ce qui n'est pas signe est symbole.
Les malheureuses souris sont certainement mes élèves, les poissons crevés mon amour mort.
La belle chanteuse : une allégorie de notre société dans laquelle tout change trop vite, et pas forcément pour le mieux. Les choses que nous désirons semblent belles derrière les vitrines, mais elles perdent tout pouvoir d'attraction une fois ternies par un usage quotidien et par la triste réalité.
L'appartement-tombeau, le lit-cercueil, cela va de soi.
La morale dans tout ça : seule la bouffe ne nous déçoit pas.
Est-ce que si je faisais du vélo je serais plus heureuse ?
Inventaire
Morceaux de rêves
mercredi 14 octobre 2015
Dans le fond, Baudelaire a tout compris, toute vie est une lutte acharnée entre le Spleen et l'Idéal.
Inventaire
Réflexions littéraires
"Il insiste : être fauché ne l'empêche pas d'être un type qui a la classe, si elle choisit ses fréquentations en fonction du pouvoir d'achat, elle va passer à côté de l'essentiel. Elle doute : à ton âge, excuse-moi, mais même pas pouvoir se payer un café, comprends que ça m'interloque. Elle est une petite pute infecte. elle lui plaît beaucoup."
"Vernon est resté bloqué au siècle dernière, quand on se donnait encore la peine de prétendre qu'être était plus important qu'avoir".
Virginie Despentes, Vernon Subutex, p.99
"Vernon est resté bloqué au siècle dernière, quand on se donnait encore la peine de prétendre qu'être était plus important qu'avoir".
Virginie Despentes, Vernon Subutex, p.99
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