mercredi 28 janvier 2015

Le Temps, cet intrépide voyageur, passe, mais moi, je suis toujours et inlassablement moi. Depuis quelque temps, je me passionne pour le passé ou pour le dire plus exactement, pour mon passé. J'ai toujours  préféré le passé, certain et sûr, à l'avenir ; on peut connaitre le passé, on peut l'apprendre et réussir à le maîtriser. L'avenir est instable, inquiétant, il demande sans cesse de s'adapter, aux bonnes comme aux mauvaises surprises. 


 Aujourd'hui, et depuis quelques temps déjà, je m'interroge. Ai-je vieilli ? Cette interrogation m'a rendue nostalgique... Mon visage, mes dents, mon corps ne me semblaient plus familier. J'étais devenue une étrangère à moi-même, je ne me reconnaissais pas. Je ne sais à quoi est dû cela car en vérité, je n'ai pas changé. Je me reconnais toujours dans mes mots, mais je déplore que ceux-ci se fassent plus rares. Mes études de littérature ont complètement anéanti mon imagination et mes envies d'écrire : je ne suis pas à la hauteur, je le sais... Mais est-ce une raison valable pour arrêter ? Ai-je besoin d'être reconnue pour écrire ? Non. Au fond, j'ai toujours écrit pour moi même, pour avoir la satisfaction d'avoir fait quelque chose de beau, et j'entends par là, quelque chose qui me plaise à moi et à moi seule, quelque chose qui me donne l'impression de ne pas être la dernière des empotées. 


Pourquoi n'écris-je plus ? Il me semble que c'est parce que je manque de solitude. Le monde a changé. La révolution numérique a pris possession de nos vies, les écrans sont partout, nous nous perdons dans ce monde virtuel, si séduisant, dans lequel, peu importe l'heure, quelqu'un peut nous parler. Peut-être aussi, ai-je su mieux m'entourer, peut-être ne suis-je plus aussi seule que ce que je l'ai été. Peut-être ai-je moins de problème et peut-être suis-je plus heureuse ? Peut-être aussi fais-je tout pour ne plus penser, pour oublier je ne sais qui ou je ne sais quoi ? A vrai dire, je n'en sais rien et je n'en suis réduite qu'à de vaines conjectures. 


Sans transition.

J'ai revu des photos de moi, datant de 2007-2008. J'étais si jeune, si belle et je n'en avais absolument pas conscience. A cette époque-là, je doutais de moi, j'étais timide et triste. J'étais une inconnue pour la plupart des gens que je côtoyais. Intérieurement, je les détestais car ils ne s'intéressaient pas à moi, mais le problème venait de moi. Comment parler à quelqu'un qui ne dit rien ? J'étais si mal et pourtant j'avais tout pour être si bien... Un physique de rêve que je camouflais sous des pantalons trop larges et des sweat XXL pour faire oublier ma sensibilité. Maintenant, quelques années plus tard et quelques (dizaines de) kilos en plus, je me sens incomparablement mieux qu'à l'adolescence car j'ai (enfin) confiance en moi. 

Amandine restera toujours Amandine même si elle regarde parfois d'un regard mi-amusé mi-surpris certaines photos, certains écrits, relevant par-ci, par-là quelques fautes de goûts et/ou d'orthographe. Je ne me renie pas.

jeudi 15 janvier 2015

"Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier.

En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’un souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime.

Qu’ai-je alors entre mes bras ?

Puisque je suis solitaire : une femme aimée ou un compagnon de voyage malheureux. Puisque je suis poète : un arc de mots que je ressens de la joie et de l’effroi à bander. Puisque je suis prisonnier : un aperçu soudain de la liberté. Puisque je suis menacé par la mort : un animal vivant et bien chaud, un cœur qui bat de façon sarcastique. Puisque je suis menacé par la mer : un récif de granit bien dur."

(Stig Dagerman)