vendredi 19 août 2016

L'Histoire humaine n'a été qu'une succession d'affrontements, de désaccords, chaque partie luttant pour faire valoir son avis, sa vision du monde. Quand on pense qu'au XVIIe siècle on s'offusquait d'un vers brisé, pourquoi s'étonner qu'au XXIe siècle, on se chamaille encore pour un bout de tissu ? Le monde se résume-t-il vraiment à une lutte ininterrompue entre Classiques et Modernes ? N'a-t-on rien appris ? N'y a-t-il pas eu assez de morts ? Ne peut-on pas juste coexister pacifiquement pendant les quelques années de notre si courte vie ? Pourquoi chercher à l'écourter en déchaînant la haine, la violence et la cruauté ? Pourquoi être la cause de notre propre malheur ? Pour prouver au monde que l'on a raison ? Pour gagner quelques millions d'euros ? Est-ce cela la vie, la vraie vie ? Pas pour moi.

Je sais que j'espère et que je vais de déception en déception... J'erre, la bouche amère. Mes larmes sont acides. A qui faire confiance quand ce monde n'est que trahison et égoïsme ? Comment apaiser les conflits, tranquilliser les esprits qui s'échauffent et déjà, la main sur la gâchette, sont prêts à appuyer ? Plus rien ne va, le monde est déboussolé, personne n'en prend soin. Personne ne s'occupe des vrais problèmes et doucement, lentement mais sûrement, notre monde est en train de couler... Nous détruisons tout sur notre passage...
Pourra-t-on restaurer le respect avant qu'il ne soit trop tard ? Respect de la nature, respect d'autrui, respect des lois, respect de soi... L'être humain a perdu toute dignité : il n'est plus courageux, glorieux, vertueux. C'est un lâche avide de pouvoir et d'argent qui se prostitue pour quelques "likes".

mercredi 10 août 2016

"Tereza regardait l’Hôtel de Ville détruit et ce spectacle lui rappelait soudain sa mère : ce besoin pervers d’exposer ses ruines, de se vanter de sa laideur, d’arborer sa misère, de dénuder le moignon de sa main amputée et de contraindre le monde entier à le regarder. Tout, ces derniers temps, lui rappelait sa mère, comme si l’univers maternel auquel elle avait échappé une dizaine d’années plus tôt l’avait rejointe et l’encerclait de toutes parts. C’était pour cela qu’au petit déjeuner elle avait raconté que sa mère lisait son journal intime à la famille pouffant de rire. Quand une conversation d’amis devant un verre de vin est diffusée publiquement à la radio, ce ne peut vouloir dire qu’une chose : que le monde est changé en camp de concentration.
Tereza utilisait ce mot presque depuis son enfance pour exprimer l’idée qu’elle se faisait de la vie dans sa famille. Le camp de concentration, c’est un monde où l’on vit perpétuellement les uns sur les autres, jour et nuit. Les cruautés et les violences n’en sont qu’un aspect secondaire et nullement nécessaire. Le camp de concentration, c’est la liquidation totale de la vie privée. Prochazka, qui n’était même pas à l’abri chez lui quand il discutait devant un verre avec un ami, vivait (sans s’en douter, c’était son erreur fatale !) dans un camp de concentration. Tereza, quand elle habitait chez sa mère, avait vécu dans un camp de concentration. Depuis, elle savait que le camp de concentration n’est rien d’exceptionnel, rien qui doive nous surprendre, mais quelque chose de donné, de fondamental, quelque chose où l’on vient au monde et d’où l’on ne peut s’évader qu’avec une extrême tension de toutes ses forces."

[L'insoutenable légèreté de l'être, Kundera]