dimanche 27 juin 2010

8h47. Café de la guerre. Il fait chaud, un peu trop chaud, et elle étouffe dans son pull en laine. Sa tasse fumante se refroidit lentement au fur et à mesure qu'elle y fait machinalement tourner sa cuillère, tout en regardant au loin, là-bas dans la rue, les gens qui défilent les uns après les autres, sans aucun lien entre eux. Si elle n'était pas aussi préoccupée, elle aurait pu s'interroger. Se demander ce qu'est ce monde terrible et instable qui l'entoure, un édifice menaçant, capable de s'écraser à tout moment. Elle était là, indéniablement plongée dans ses pensées, immergée dans ses problèmes qui ne concernent pas le reste du monde. Les ongles de sa main gauche claquaient sur la table de bois. Tac tac tac. Elle observait la pluie mais ne la voyait pas ; pourtant, les parapluies colorés illuminaient la chaussée et réchauffaient les cœurs. Mais pas le sien.

8h53. Elle avalait une gorgée de café, appréciait à peine le doux parfum sucré, quoi que légèrement amère... La pendule, elle, perpétuait sans discontinuer son fameux tic-tac. Et elle grinçait un peu. Rien, rien, elle ne pouvait rien changer malheureusement. Tiens, une sirène retentissait au loin. Elle attendait, attendait, attendait. Mais rien ne venait, pas de soleil dans sa journée, pas de lueur dans son désespoir.

9h24. Elle avait sorti un morceau de papier plié en quatre, de son sac à main qui se trouvait maintenant par terre à quelques centimètres de son pied droit. Une voiture rouge passait. Tic-tac, tic-tac... La pendule, non plus, ne s'était pas arrêtée. D'un mouvement fragile, elle déplia la feuille, lentement. Elle y lu les deux seuls mots qui y étaient inscrits. Elle les avait lus et relus tant de fois, à tel point que les inscriptions commençaient déjà à s'effacer.

9h29. Elle passa une main dans ses cheveux, rabattant ainsi une mèche derrière son oreille ce qui ne laissa pas le serveur indifférent. Depuis un moment déjà, il l'observait. Dans le café, une odeur chaude de crêpe au chocolat se répandait. Son regard restait fixé sur cette feuille. FORGET ME. Elle était tellement absorbée qu'elle n'avait pas remarqué le garçon qui lui demandait pourquoi elle pleurait.

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