dimanche 21 novembre 2010

J'avais beau imaginer de toute mes forces, essayer de capter la quintessence de son être, mais la seule chose dont j'étais capable c'était de la voir marcher dans la rue. Une ombre rapide, pressée, déterminée, avançant toujours tout droit, dans les avenues sombres bordées de vieux monuments moisis et décrépis. Elle offrait un contraste minime dans cet univers de désuétude : un peu de vie ressuscité de son éternel sommeil. Quelque fois, une de ses mains gracile passait dans ses cheveux emmêlés, naturels, parfaits comme peuvent l'être ceux d'une errante, sans but et sans dessein. Elle n'avait pas de palais où se rendre, pas d'amant à rejoindre d'un pas rapide, pas d'ami à aller secourir ou apaiser, rien à apprendre ni à oublier, rien si ce n'est le temps qu'il fallait empêcher de passer en remontant incessamment et à contre-courant les durs sentiers de la vie.

Bien sur, il me fallait inventer un héros, un de ces durs à cuir un brin romantique, compatissant et vertueux, dépassant les codes de la beauté ; mais rien de tel n'existait dans mon esprit. Seuls les méchants dominaient : les avides et les opportunistes. La sincérité, comme l'amour n'existe plus, alors à quoi bon tirer du néant un personnage, qui, inévitablement ne pourrait être bon ? Je ne sais quoi, pourtant au fond de moi, me poussait à trouver ce garçon un brin charmeur, quelque fois rêveur, peut-être un peu plus faible que les autres, plus frêle, mais naturellement plaisant dans sa fragilité excessive. Un prince seul dans son château, hors du temps et de l'espace, insouciant, mais terriblement seul.

Inévitablement, ces deux personnages aussi abstraits et obscurs soient-ils sont destinés à se rencontrer. Mais la vie ne s'apparente aucunement aux histoires débiles que l'on raconte aux enfants et dont chacun essaie de se convaincre. Il faudrait arrêter de se nourrir de faux-semblants.

Aucun commentaire: