mercredi 28 septembre 2011

Un sourire se dessinait sur son visage. Un petit sourire, tout juste mesquin. Elle n'aurait pas souri comme cela autrefois, mais maintenant elle pouvait se le permettre. Plus rien ne la retenait de sourire. Elle avait battu ses ennemis intérieurs et n'avait plus rien à redouter. Elle pouvait jouir de chaque instant que la vie lui offrait ; chaque seconde lui paraissait d'une limpidité cristalline et le monde entier était devenu une scène de théâtre ou chaque mot possède un poids et une importance qui permettent d'échapper à la banalité et la monotonie des choses. Plus d'habitude, que des rebondissements, plus d'accoutumance mais de la nouveauté. Plus de tristesse mais de la joie et de la beauté, à chaque coin de rue. Et parfois, caché derrière un buisson, des lambeaux de poésie, qui trainent par-ci, par-là, comme si de rien n'était.

Elle aimait se balader dans les rues, sonder leur mystère, y découvrir des trésors, et les enfermer dans une petite boite dorée dont elle seule connaissait l'existence. Elle collectionnait les gens dans sa tête. Dans ses souvenirs, se dressait une vaste galerie de tableaux : hommes, femmes, enfants, tous se retrouvaient dans ses pensées. Elle leur inventait des histoires. Quelles fussent courtes ou brèves, peu importe, puisqu'elle en avait tant d'autres à inventer encore. Et, en pensant à la multitude des possibles, elle souriait encore, tendrement, et si j'ose dire un peu béatement. (Je vous épargne la comparaison qui me traverse l'esprit, elle ne ferait que dégrader mon sujet.)

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