lundi 4 mai 2015

Aujourd'hui je suis allée voir Cobain : Montage of Heck. J'y suis allée seule parce que je n'ai trouvé personne pour m'accompagner. Peut-être que je n'ai pas assez bien cherché. Peu importe. J'étais triste de ne pas pouvoir partager ce moment avec quelqu'un.

Il y avait une queue immense à l'entrée, j'entendais les gens parler et j'étais énervée de ne pouvoir parler à personne ; et à l'intérieur les gens gardaient des places pour des personnes qui devaient arriver. Je trouve cela égoïste, mais peut-être que cela ne m'aurait pas autant énervé si j'avais eu moi aussi quelqu'un à attendre.

Le film a commencé et j'ai rapidement oublié tous mes problèmes, j'ai vu Kurt enfant, faisant des sourires et des signes de main, et je l'ai vu devenir grand. Je l'ai vu souffrir et sourire encore. Le téléphone de ma voisine a sonné deux fois, mais peu importe. J'ai passé un bon moment. 

Quand je suis sortie, il faisait incroyablement bon et j'étais incroyablement bien. J'étais contente d'avoir fait quelque chose et de ne pas m'être privée car personne ne voulait m'accompagner. J'ai marché jusqu'à chez moi, dans la nuit, seulement éclairée par les lampadaires, la ville est plus confidentielle, elle se livre à moi et je me livre à elle. Mes pensées voguent sous les étoiles, je n'entends que le bruissement des feuilles et le bruit de mes pas. Une voiture passe de temps en temps, interrompant ce muet dialogue, je continue en silence mon chemin et je me prends à regretter d'être déjà arrivée.

Je voudrais retranscrire mes pensées telles que je les ai ressenties, mais il faut croire que cela est difficilement faisable à moins d'écrire en marchant et cela romprait le charme. 

Le film montre les différents cahiers de Kurt, moi aussi j'aimerais écrire comme ça, tous les jours, noter sur un carnet mes pensées, mais je ne peux me fixer. J'ai commencé des dizaines de cahiers que j'ai rapidement abandonnés, ne noircissant à chaque fois que quelques pages. Peut-être que changer de cahier était pour moi un moyen de passer à autre chose, un moyen de grandir, de m'évader mais aussi de ne pas terminer, de ne pas m'astreindre à un travail d'écriture continu. Je veux dire par là qu'il est parfois inutile d'écrire pour évoquer une journée qui n'a que peu d'intérêt, où il ne se passe rien....

Mais en réalité, il se passe toujours quelque chose, on n'a juste pas le temps de s'en rendre compte, ou on ne prend pas le temps d'avoir le recul nécessaire pour tirer ce qu'il y a tirer du temps. Je ne m'ennuie plus assez. C'est un constat à la fois agréable et pénible : agréable car étant occupée, j'ai moins de temps pour penser, et donc moins de temps pour déprimer et me morfondre, mais d'un autre côté, j'ai moins de temps (ou alors, je ne prends pas le temps) de réfléchir, de reculer et de me rendre compte de ma vie. Pourtant, je sens bien que cela est indispensable. Je fais trop de choses, mais je ne vis pas ma vie.

Je ne fais rien, je ne travaille pas, je ne vais pas en cours ou rarement, mais je ne m'ennuie pas, je ne m'ennuie jamais. Il y a tellement de choses à faire, tellement de films à voir, de livres à lire et de musique à écouter : une vie ne suffit pas surtout quand on passe comme moi son temps à le perdre. 

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